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« Six Transformations » pour hiérarchiser les interventions

Partie 2

2.1. Le cadre des « Six Transformations »

Les 17 ODD et leurs 169 cibles décrivent les objectifs à atteindre en 2030. En revanche, ils ne précisent pas comment les Gouvernements pourraient s’organiser pour les atteindre. S’inspirant des travaux de Sachs et al. (2019), ce rapport propose « Six Transformations », afin d’aider à définir une stratégie opérationnelle pour les ODD au Bénin. Afin de concevoir des stratégies efficaces pour atteindre les ODD, les Gouvernements et autres parties prenantes doivent déterminer comment organiser les interventions – telles que l’amélioration des politiques, les investissements publics et privés, et la réglementation – et comment les déployer pour les ODD. Compte tenu de la nature interconnectée du cadre et des liens entre les objectifs et les cibles, il n’est pas recommandé d’adopter 17 stratégies pour atteindre les ODD. Le concept de 6 transformations des ODD peut aider à encadrer un récit opérationnel et facile à communiquer.

Le cœur des « Six Transformations » consiste à reconnaitre que les 17 ODD peuvent être atteints par le biais de « Six Transformations » majeures axées sur : (1) l’éducation et les compétences, (2) la santé et le bien-être, (3) l’énergie et l’industrie propres, (4) l’utilisation durable des terres, (5) les villes durables et (6) les technologies numériques (Figure 7).

Les « Six Transformations » sont sous-tendues par deux principes fondamentaux. Chaque transformation doit être conçue, mise en œuvre et contrôlée pour « ne laisser personne de côté », un principe qui vise à renforcer la justice, l’équité et l’inclusion sociale. Ce principe s’applique en particulier aux services publics tels que la santé et l’éducation, les services d’infrastructure (transport, eau, assainissement, énergie), et l’utilisation des ressources environnementales.

Figure 7 | « Six Transformations » pour les ODD

Figure 7 | « Six Transformations » pour les ODD

Source: Sachs et al., 2019

1. Éducation, Genre et Inégalité

La première transformation couvre les investissements dans l’éducation (développement de la petite enfance, enseignement primaire et secondaire, formation professionnelle et enseignement supérieur), les systèmes de protection sociale et les normes du travail, ainsi que la Recherche et Développement (R&D).

Elle vise directement les ODD 1, 2, 4, 5, 8, 9 et 10, et renforce d’autres résultats des ODD.

2. Santé, Bien-être et Démographie

Cette transformation regroupe les interventions visant à assurer la couverture sanitaire universelle (CSU), à promouvoir des comportements sains et à agir sur les déterminants sociaux de la santé et du bien-être.

Elle cible directement les ODD 2, 3 et 5, qui ont de fortes synergies avec de nombreux autres objectifs.

3. Décarbonisation de l’énergie et Industrie durable

Cette transformation regroupe les investissements dans l’accès à l’énergie, la décarbonisation de l’électricité, des transports, des bâtiments et de l’industrie ; et la réduction de la pollution industrielle.

Elle vise directement les ODD 3, 6, 7, 9, 11 à 15, et en renforce plusieurs autres ODD.

4. Alimentation durable, Terres, Eaux et Océans

Les interventions visant à rendre les systèmes de production alimentaire, agricole ou forestière plus productifs et plus résistants au changement climatique ; doivent être coordonnées avec les efforts visant à conserver et à restaurer la biodiversité et à promouvoir des régimes alimentaires sains, tout en réduisant considérablement les pertes et gaspillages alimentaires. D’importants compromis existent entre ces interventions.

Cette vaste transformation favorise directement les ODD 2, 3, 6, et 12 à 15 et renforce de nombreux autres ODD.

5. Villes et Communautés durables

Les villes et autres communautés ont besoin d’investissements intégrés dans les infrastructures, les services urbains, ainsi que dans la résilience au changement climatique.

Ces interventions visent bien sûr l’ODD 11 et contribuent aussi directement aux objectifs 6 et 9. Pratiquement tous les ODD sont indirectement soutenus par cette transformation.

6. Révolution numérique au service du Développement Durable

Si elles sont bien gérées, les technologies numériques, telles que l’intelligence artificielle et les technologies de communication modernes, peuvent apporter des contributions majeures à la réalisation de pratiquement tous les ODD.

Le deuxième principe consiste à assurer « la circularité et le découplage ». Autrement dit, la réalisation des ODD nécessite un changement des modes de consommation et de production afin de dissocier l’utilisation des ressources environnementales et la pollution de la croissance et du bien-être humain. Chaque transformation doit être conçue, mise en œuvre et contrôlée afin de réduire l’empreinte écologique en favorisant la circularité des flux, la réutilisation, le recyclage, des matériaux plus durables et une utilisation plus efficace des ressources naturelles. La bonne gouvernance et l’absence de conflits sont des conditions essentielles à la réalisation des « Six Transformations ».

Le concept de transformation pour les ODD peut contribuer à encadrer un récit qui soit opérationnel et facile à communiquer. En regroupant les principales synergies ainsi que les compromis, les transformations fournissent un programme d’action aux ministères, aux entreprises et à la société civile pour atteindre les ODD.

2.2. Les « Six Transformations » pour les ODD au Bénin

Le cadre des « Six Transformations » servira à analyser le Programme d'Action du Gouvernement (PAG) et sa matrice d’interventions qui est composée d’objectifs (ou piliers), qui sont divisés en axes stratégiques elles-mêmes déclinées en actions pour lesquelles le Gouvernement mène des réformes et des projets permettant de les réaliser. La continuité entre le Programme d'Action du Gouvernement 2016-2021 et celui de la période 2021-2026 est à souligner. En effet, les piliers et axes stratégiques sont les mêmes ; seules les actions ont évolué, par la redéfinition de ce qui pouvait être une réforme ou un projet, en action du Gouvernement. C’est le cas, par exemple, de l’accès à l’eau potable ou de l’enseignement et la formation techniques professionnels, qui sont passés au rang d’actions dans la matrice des actions du Gouvernement. L’analyse de l’arrimage du PAG I (2016-2021) aux cibles ODD prioritaires identifiées par le Bénin a fait ressortir que les projets prioritaires et les projets phares du PAG I adressent respectivement 90% et 65% des cibles prioritaires. Quant aux réformes du PAG I, elles adressent 64% des cibles prioritaires des ODD (République du Bénin et PNUD, 2018).

Ainsi, la présente analyse portera uniquement sur le Programme d'Action du Gouvernement 2021-2026 et n’est pas exhaustif sur tous les projets et réformes portés par les ministères et autre autorités territoriales et locales. L’exercice de correspondance entre le PAG et les « Six Transformations » a été fait à l’échelle des « actions » de la matrice d’interventions du Gouvernement (Figure 3). Aussi, l’analyse ne prétend pas énumérer tous les projets et réformes prévus par le Gouvernement3 mais seulement montrer les efforts et progrès réalisés, ainsi que permettre d’identifier les priorités pour la suite de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 au Bénin.

Les indicateurs présentés dans l’index et les tableaux de bord des ODD (Partie 1) pour le Bénin et les pays de la CEDEAO ont été réorganisés autour des « Six Transformations » des ODD (Figure 9). De façon générale, le Bénin obtient des résultats très proches de la moyenne de la CEDEAO dans les différentes transformations. Les dimensions pour lesquelles l’écart entre le Bénin et la CEDEAO est le plus faible sont : la Transformation 2 « Santé, Bien-être et Démographie », la Transformation 5 « Villes et Communautés durables » et la Transformation 6 « Révolution numérique au service du Développement Durable ». Il est à noter que le Bénin obtient un score légèrement supérieur à la moyenne de la sous- région pour la Transformation 2. En ce qui concerne la Transformation 1 « Éducation, Genre et Inégalité », la Transformation 3 « Décarbonisation de l’énergie et Industrie durable » et la Transformation 4 « Alimentation durable, Terres, Eaux et Océans », le Bénin est en dessous de la moyenne de la CEDEAO, avec un écart plus important que pour les autres transformations.

Figure 8 | « Six Transformations » pour les ODD et le Programme d’Action du Gouvernement du Bénin

Figure 8 | « Six Transformations » pour les ODD et le Programme d’Action du Gouvernement du Bénin

Source: Analyse des auteurs

Figure 9 | Progrès sur les « Six Transformations », score de 0 (pire) à 100 (meilleur)

Figure 9 | Progrès sur les « Six Transformations », score de 0 (pire) à 100 (meilleur)

Note: voir le tableau A.1 en annexe pour le détail des indicateurs utilisés

Source: Calculs des auteurs

Transformation 1. Éducation, Genre et Inégalité

La première transformation vise l’amélioration du capital humain, à travers les investissements dans l’éducation, ainsi que la Recherche et Développement. Développer le capital humain c’est aussi assurer l’accès universel aux systèmes de protection sociale et améliorer les normes du travail. Cette transformation repose également sur le principe d’égalité des sexes et de réduction des inégalités socio-économiques.

Le développement du capital humain repose sur une transformation du système éducatif du Bénin afin d’assurer l’accès universel à une éducation de qualité, correspondant aux besoins du marché du travail. En effet, le nombre moyen d’années de scolarité qui est de 3,8 ans au Bénin est inférieur à celui de la CEDEAO qui est d’environ 4,2 ans en 2019 (Figure 10) ; et malgré les progrès réalisés depuis 2015, le Bénin n’a pas encore réduit l’écart. Aussi, la baisse du taux d’achèvement du premier cycle du secondaire 45% en 2015 à 33% et 2020 (UNESCO, 2021) souligne la nécessité de porter l’accent sur la poursuite de l’éducation et lutter contre l’abandon scolaire.

La mise en œuvre effective du Programme d’Action du Gouvernement (PAG, 2021-2026) permettra d’améliorer ces indicateurs. En effet, le Gouvernement prévoit de restructurer le système éducatif du primaire à l’enseignement supérieur, promouvoir l’alphabétisation et l’éducation des adultes, ainsi que développer l’enseignement et la formation technique et professionnelle. Le projet d’élaboration d’une loi sur le financement des cantines scolaires dans l’enseignement primaire illustre cette volonté du Gouvernement de « ne laisser personne de côté » dans l’amélioration du capital humain. Par ailleurs, le projet du Gouvernement de créer la Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir prend également en compte l’importance de développer la recherche et le développement (R&D) au Bénin.

L’égalité des sexes est un défi majeur en termes d’éducation, de santé sexuelle et procréative, de représentation des femmes aux postes décisionnels publics, politiques et économiques. L’éducation reflète les défis du Bénin, afin de favoriser l’égalité des sexes. En 2019, le nombre moyen d’années d’études des femmes ne représente que 43,6% de celui des hommes, tandis qu’il s’élève à 60,6% en moyenne dans les pays de la CEDEAO (UNESCO, 2020).

La prise en compte des questions d’égalité des genres se fait à l’échelle des projets prévus par le PAG. Ainsi, on retrouve le « Programme de modernisation des espaces publics de protection sociale et de promotion du genre », et le « Projet d’autonomisation des femmes et du dividende démographique au Sahel (SWEDD) », auquel le Bénin participe. On peut souligner, par exemple, l’intervention du SWEDD ciblant 30 000 filles de familles pauvres inscrites dans les établissements scolaires, qui recevront des transferts monétaires conditionnels et d’appui en kits scolaires. Ce programme intervient également dans le cadre de la deuxième transformation, en termes d’accès à des services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité.

Figure 10 | Nombre moyen d’années de scolarité

Figure 10 | Nombre moyen d’années de scolarité

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’UNESCO (2020).

Enfin, l’action du Gouvernement visant à généraliser le « programme d’assurance pour le renforcement du capital humain » (ARCH) cible directement la réduction des inégalités socio-économiques et le développement du capital humain. Par son ciblage de bénéficiaires prioritaires, la généralisation de ce programme constituerait un grand progrès dans le domaine de la protection sociale au Bénin (Encadré 1).

Le Gouvernement doit coupler ces efforts à des mesures de lutte contre les discriminations, l’esclavage moderne et le travail des enfants. En 2019, près 24,8% de la population âgée de 5 à 14 ans était impliquée dans le travail des enfants (Figure 11). Pourtant, la matrice d'actions du PAG 2021-2026 à laquelle nous avons eu accès, n’intègre pas de mesures visant à lutter contre le travail des enfants. Le Gouvernement du Bénin doit donc veiller à inclure cette priorité de l’ODD 16 dans son programme d’actions.

En ce qui concerne les droits fondamentaux du travail, le Bénin fait partie des pays les mieux dotés de la sous- région. Une intensification des mesures d’amélioration des normes du travail permettrait au pays de conforter ses performances dans la transformation du capital humain.

Figure 11 | Travail des enfants (% de la population âgée de 5 à 14 ans), en 2019

Figure 11 | Travail des enfants (% de la population âgée de 5 à 14 ans), en 2019

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’UNICEF (2022).

Figure 12 | Garantie des droits fondamentaux du travail (2020)

Figure 12 | Garantie des droits fondamentaux du travail (2020)

Source: Calcul des auteurs à partir des données du World Justice Project (2020).

Encadré 1. Programme d'assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH)

Le programme d’assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) est le principal outil de mise en œuvre de la stratégie de protection sociale au Bénin.

Il donnera accès à l’assurance maladie, la formation, le micro-crédit et l’assurance retraite, offerts à guichet unique. L’ARCH est essentiellement destiné aux couches les plus démunies des différents secteurs de l’économie, en particulier aux acteurs du secteur informel, ainsi qu’aux personnes sans activité.

L’assurance maladie en est le volet principal, et l’État en assure la prise en charge totale pour les pauvres extrêmes et partielle pour les pauvres non extrêmes. La loi n°2020-37 du 03 février 2021, qui a pris effet en janvier 2022, rend l’assurance maladie obligatoire pour toute personne résidant au Bénin. En conséquence, l’État, les employeurs du secteur privé, et les professionnels individuels sont tenus de souscrire au minimum une assurance maladie de base pour leurs employés. Il en sera de même pour toutes les personnes du secteur informel n’entrant pas dans la catégorie de population prise en charge par l’État.

Actuellement, le programme d’assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) est en phase pilote et sa généralisation est en cours depuis janvier 2021. L’Agence Nationale de Protection Sociale (ANPS) est chargée de la mise en œuvre du programme. Les services du programme ARCH seront offerts sur toute l’étendue du territoire béninois à travers des antennes départementales et communales.

Source: Fiche de projet ARCH. Présidence de la République du Bénin, Avril 2017.

Transformation 2. Santé, Bien-être et Démographie

La deuxième transformation vise à assurer la couverture sanitaire universelle et à améliorer les déterminants sociaux de la santé, dont des normes sociales et comportements favorisant le bien-être. L’amélioration de la couverture des services de santé essentiels est une priorité pour le Bénin. En effet, l’indice de couverture des services de santé produit par l’Organisation Mondiale de la Santé et qui tient compte de la santé procréatrice, maternelle, néonatale et infantile, les maladies infectieuses, les maladies non transmissibles ainsi que la capacité et l’accès aux services parmi la population générale et les plus défavorisés, montre que le Bénin a un score de 38 sur 100 en 2019 (Figure 13). Malgré la légère amélioration entre 2015 et 2019, l’objectif d’assurer une couverture sanitaire universelle nécessite un effort supplémentaire. Le PAG, 2021-2026 fait du renforcement du système de santé un objectif stratégique à l’horizon 2026.

Par ailleurs, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans illustre la situation du système de santé. Depuis 2015, des progrès ont été réalisés au Bénin, avec une baisse significative du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans d’environ 12% entre 2015 et 2020, passant de 97,6 morts pour 1000 naissances vivantes en 2015 à 85,9 en 2020 (Figure 14). Toutefois, le Bénin reste parmi les pays de la CEDEAO aux taux de mortalité des enfants de moins de cinq les plus élevés, avec 85,9 morts pour 1000 naissances vivantes en 2020 (Figure 14).

Le taux de mortalité maternelle est en diminution au Bénin d’environ 8% entre 2014 et 2017, Passant de 432 morts pour 100 000 naissances vivantes en 2014 à 397 en 2017 (Figure 15), dernière année de disponibilité des données de l’OMS. Le taux du Bénin reste relativement bas à 397 morts pour 100 000 naissances vivantes en comparaison à la moyenne d’environ 534,7 pour 100 000 naissances vivantes dans la sous-région, en 2017 (Figure 15).

Le Bénin doit assurer un système de santé capable de répondre à la pression exercée par sa démographie.

En effet, près de la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans, et le Bénin pourrait atteindre plus de 16 millions d’habitants d’ici 2030, selon les dernières estimations de l'INStaD. Par ailleurs, le défi démographique soulève la question de la planification familiale, qui est à la fois une question de santé reproductive, d’égalité des sexes ( Transformation 1) et de développement durable en général. En 2020, il est estimé que près de 31,5% des femmes en âge de procréer (15-49 ans) ont eu accès à des méthodes de planifications familiale modernes, au Bénin ; comparativement à 46% des femmes en moyenne, au sein de la CEDEAO (UNDESA, 2022).

Figure 13 | Couverture sanitaire universelle (CSU), indice de la couverture des services

Figure 13 | Couverture sanitaire universelle (CSU), indice de la couverture des services

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’OMS (2021).

Figure 14 | Taux de mortalité, moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes

Figure 14 | Taux de mortalité, moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’UNICEF (2021).

Le Bénin priorise le secteur de la santé et tient compte du besoin d’accès à des services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité pour les femmes, entre-autres à travers le projet SWEED.

Afin de répondre aux besoins en infrastructures de santé, le PAG prévoit entre autres la construction de centres hospitaliers. Néanmoins, les projets énoncés par le PAG semblent concentrés dans le département de l’Atlantique, le Gouvernement doit poursuivre ses efforts en s’assurant de doter les autres départements en infrastructures de santé, afin de ne laisser personne de côté. Aussi, le Gouvernement prévoit d’acquérir 200 ambulances et de développer un schéma de transport sanitaire intégrant le SAMU.

En outre, l’axe stratégique du PAG visant à promouvoir la pratique du sport permet de répondre en partie aux besoins de bien-être social et sanitaire de la population. Parmi les réformes et projets visant à l’amélioration du bien-être, le Gouvernement a prévu la mise en place d’une loi sur le financement du sport, la généralisation des classes sportives, ainsi que la construction et la réhabilitation d’infrastructures sportives. Cette intervention du Gouvernement permettrait notamment de lutter contre les maladies non-transmissibles qui sont la cause principale des morts parmi la population âgée de plus de 30 ans.

En revanche, bien que pris en compte parmi les cibles ODD priorisées par le Bénin, le PAG 2021-2026, dont nous disposons, n’aborde ni les facteurs de risques comportementaux comme le tabagisme, l’alcoolisme, la mauvaise alimentation, ni les pratiques sexuelles dangereuses qui risquent la diffusion de maladies sexuellement transmissibles pour lesquelles des ressources doivent être consacrées, notamment pour la sensibilisation du public et des activités de prévention.

Figure 15 | Taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes (2017)

Figure 15 | Taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes (2017)

Note: Le «seuil de performance cible» représente le seuil optimal (borne de performance supérieure) défini pour l’indice et les tableaux de bord

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’OMS (2019).

Transformation 3. Décarbonisation de l’énergie et Industrie durable

La troisième transformation vise à garantir l’accès à une énergie propre et à décarboniser les activités à forte intensité énergétique telles que la production d’électricité, les transports et l’industrie ; ainsi qu’à réduire la pollution de l’air et de l’eau.

Au Bénin, la proportion de la population ayant accès à l’électricité a fortement progressé depuis 2015, passant de 29,6% à 40,3% en 2019, et réduisant l’écart par rapport aux autres pays de la CEDEAO (Figure 16). Aussi, le Bénin fait partie des pays dont l’électricité est la plus abordable pour les consommateurs. En 2019, le Bénin obtient un score de 81 sur 100 comparativement à moyenne de la CEDEAO qui est de 77,25 sur 100 (RISE report, 2019).

Le Gouvernement du Bénin prévoit de poursuivre ses efforts afin de rendre l’électricité accessible à la population et d’assurer l’autonomie énergétique. Ainsi, le PAG 2021-2026 prévoit de nombreux projets d’électrification tels que la construction d’une centrale thermique de 143 MW dans la zone économique spéciale de Glo-Djigbé, la construction du barrage hydroélectrique Dogo bis de 128 MW, ou encore le programme d’électrification rurale (PERU).

Le Bénin a le potentiel et l’opportunité de planifier un mix énergétique et une électrification « zéro-carbone » à l’horizon 2050 (CCSI, 2021). Les transports et les ménages représentant près de 90% de la consommation totale d’énergies (PONADER, 2020), cette transformation doit viser à améliorer leur efficacité énergétique et accélérer l’adoption de technologies qui fonctionnent à l’aide d’énergies renouvelables. En effet, bien que la part des énergies renouvelables dans l’approvisionnement total en énergie primaire soit de 54,6% en 2019 (OCDE, 2022), celle-ci est décroissante depuis l’année 2000. Aussi, la quasi-totalité de ces énergies renouvelables sont issus de la biomasse (IEA, 2021b) malgré un potentiel énergétique important qui pourrait être diversifié en faveur des énergies solaires, éoliennes et hydrauliques (PONADER, 2020).

Figure 16 | Population ayant accès à l’électricité (%)

Figure 16 | Population ayant accès à l’électricité (%)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de SE4All (2021)

Figure 17 | Accessibilité des prix de l’électricité pour les consommateurs

Figure 17 | Accessibilité des prix de l’électricité pour les consommateurs

Source: Calcul des auteurs à partir des données du RISE report (2019).

La production d’électricité provient presque totalement d’énergies fossiles (Figure 20), et doit être décarbonisée. En effet, c’est le pays de la sous-région qui émet le plus de CO₂ provenant de la combustion de carburants pour l’électricité et le chauffage. En 2019, le Bénin émet 34 mégatonnes de CO₂ pour chaque térawatt-heure d’électricité produite. En comparaison, les pays de la CEDEAO émettent en moyenne 5 mégatonnes de CO₂ la même année (IEA, 2021b).

Le Gouvernement est conscient de ces défis et prend l’engagement d’amorcer la transformation de son mix énergétique, notamment par la mise en place d’une politique nationale de développement des énergies renouvelables (PONADER 2020-2030). Dans le cadre de son programme d’action, le Gouvernement prévoit des réformes telles que la mise en place d’un instrument de financement des énergies renouvelables. Aussi le PAG met en avant des projets tels que le projet du barrage Dogo bis et la construction de 5 centrales solaires cumulant 100 MWc. Toutefois, ces projets ne ciblent pas directement le développement de transports « zéro-émissions ».

Figure 18 | Part des énergies renouvelables dans l’approvisionnement total en énergie primaire au Bénin (%)

Figure 18 | Part des énergies renouvelables dans l’approvisionnement total en énergie primaire au Bénin (%)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’OCDE (2022).

Figure 19 | Mix énergétique du Bénin (2019)

Figure 19 | Mix énergétique du Bénin (2019)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l'IEA (2021b).

Figure 20 | Production d’électricité par source d’énergie au Bénin (2020)

Figure 20 | Production d’électricité par source d’énergie au Bénin (2020)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l'IEA (2021a).

Transformation 4. Alimentation durable, Terres, Eaux et Océans

Les interventions de la quatrième transformation visent à rendre les systèmes de production alimentaire, agricole et forestière plus produc- tifs et plus résistants au changement climatique. Ces interventions doivent être coordonnées avec les efforts visant à conserver et à restaurer la biodiversité et à promouvoir des régimes alimentaires sains, tout en réduisant considérablement les pertes et gaspillages alimentaires.

L’observation des rendements céréaliers permet de comprendre l’évolution de la productivité des systèmes de productions agroalimentaires et forestiers. Les rendements céréaliers du Bénin sont supérieurs à la moyenne de la CEDEAO entre 2010 et 2018, date des dernières données internationales disponibles (Figure 21).

Figure 21 | Rendement céréalier au Bénin (tonnes par hectare de terre récoltée)

Figure 21 | Rendement céréalier au Bénin (tonnes par hectare de terre récoltée)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de la FAO (2021).

Figure 22 | Déforestation permanente (% de la surface forestière, moyenne sur 3 ans)

Figure 22 | Déforestation permanente (% de la surface forestière, moyenne sur 3 ans)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de Curtis et al. (2018).

Le PAG 2021-2026 prévoit de consolider les performances du secteur agricole. Les réformes et projets prévus par le Gouvernement comprennent entre autres des mesures de facilitation de l’accès aux semences, aux intrants et aux marchés ; la création d’une agence de gestion des grandes exploitations agricoles et d’un office de gestion des fermes d’élevages ; et la mise en place d’un programme national de développement de la mécanisation agricole. Les efforts du Gouvernement dans la valorisation de son secteur agricole portent leurs fruits. A titre d’exemple, la variété d’ananas « Pain de sucre » du Bénin a obtenu la certification d’« Indication Géographique Protégée (IGP) », auprès de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) en octobre 20204 qui valorise cette culture et donne de la visibilité à la production agricole béninoise.

Le développement des systèmes de production agroalimentaires et forestiers du Bénin doit être accompagné de mesures de préservation et de restauration de la biodiversité. Le Bénin fait partie des pays à la déforestation permanente la plus faible parmi les pays de la sous-région (Figure 22). Le PAG veille à renforcer la préservation de l’environnement et la résilience aux changements climatiques. Parmi les projets de préservation de l’environnement à l’échelle nationale, le Gouvernement souhaite mettre en place un projet de gestion durable des forêts classées. Enfin, le PAG énonce notamment la création d’un centre international de recherche pour une agriculture résiliente aux changements climatiques.

En complément, le Gouvernement doit renforcer la protection des sites naturels (aquatiques et terrestres) importants pour la biodiversité. Sur la période 2015-2020, 66,6% des sites terrestres importants pour la biodiversité sont protégés ; tandis qu’il n’y a pas de surfaces protégées dans les sites marins et d’eaux douces importants pour la biodiversité. Ainsi, le Gouvernement devrait protéger les sites du Lac Nokoué, du Lac Ahémé et du chenal Aho, qui ont été classés sous la Convention Ramsar5 depuis le début des années 2000 mais qui ne bénéficient pas encore d’une protection effective (BirdLife International, 2022).

Figure 23 | Cartes de zones protégées et non protégées au Bénin (2022)

Figure 23 | Cartes de zones protégées et non protégées au Bénin (2022)

Note: Le site du Lac Nokoué considéré par KBA prend en compte la zone plus étendue "Basse Vallée de l’Ouémé, Lagune de Porto-Novo, Lac Nokoué" classée site Ramsar. Il en est de même pour les sites du Lac Ahémé et du chenal Aho, également classés sites Ramsar, et qui font partie de la même zone clé pour la biodiversité. Le site du Bassin de l'Ouémé comprend trois réserves forestières contiguës que sont les Forêts Classées: de l'Ouémé Supérieur, de Ouari-Maro et des Monts Kouffé.

Source: BirdLife International (2022). World Database of Key Biodiversity Areas

Transformation 5. Villes et Communautés durables

Les villes et autres communautés ont besoin d’investissements intégrés dans les infrastructures et les services urbains, ainsi que dans la résilience au changement climatique. Cette transformation vise en premier lieu à garantir l’accès à l’eau, à l’hygiène, à l’assainissement, ainsi qu’à l’évacuation appropriée des eaux usées et des déchets dans les zones urbaines et rurales. En 2020, 65,4% de la population béninoise utilise au moins les services de base d’eau potable, comparativement à 70,8% de la population en moyenne dans la CEDEAO (Figure 24). L’objectif affiché par le Gouvernement du Bénin est celui de l’accès universel à l’eau potable. Cela se concrétise notamment par la mise en œuvre du programme Gouvernemental d’accès à l’eau potable en milieu rural (Encadré 2), où le taux d’accès à l’eau potable était de 41,4% en 2015 (PND 2018-2025) (Encadré 2). Cette volonté ambitieuse du Gouvernement permettrait au Bénin d’augmenter la part de sa population utilisant les services de base d’eau potable et de rattraper son retard sur la CEDEAO.

L’accès à l’hygiène et à l’assainissement de base est une priorité du Ministère de l’Eau et des Mines, mais n’est pas explicitement énoncé dans le PAG. Pourtant, le plan national de développement (PND, 2018-2025) fait état d’un accès encore limité à ces services. Malgré les progrès réalisés, passant de 14,7% en 2015 à environ 17% en 2020 (Figure 25), l’utilisation des services d’hygiène et d’assainissement de base est encore faible, en comparaison à la moyenne de la CEDEAO où leur utilisation est d’environ 32,2% en 2020 (JMP, 2021). Des objectifs et un plan d’actions, à l’image de l’engagement pris pour l’accès à l’eau potable, aideraient dans l’atteinte de ces objectives.

Dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie, le PAG couvre les questions de la gestion des déchets et des eaux usées. Par exemple, le Gouvernement a prévu de moderniser la gestion des déchets solides ménagers dans les grandes villes, et d’implémenter un programme national de gestion intégrée des déchets électroniques. En ce qui concerne l’évacuation des eaux usées, le PAG énonce le projet de modernisation de la gestion des boues de vidange et des eaux usées ; ainsi que l’assainissement pluvial de Cotonou et quelques autres villes.

Figure 24 | Population utilisant au moins les services de base d’eau potable (%), à l’échelle nationale

Figure 24 | Population utilisant au moins les services de base d’eau potable (%), à l’échelle nationale

Source: Calcul des auteurs à partir des données du Joint Monitoring Programme (JMP). OMS et UNICEF (2021).

La cinquième transformation couvre également les interventions visant à promouvoir un aménagement du territoire équilibré et durable, ainsi qu’un cadre de vie favorisant le bien-être de la population. La proportion de la population urbaine vivant dans des bidonvilles a diminué, passant de 61,5% en 2014 à 59,2% en 2018 (Figure 26). Ces progrès réalisés sur une courte période doivent être intensifiés afin que le Gouvernement ne laisse personne de côté et que le Bénin puisse rattraper son retard sur la sous-région. En réponse à ce défi, le Gouvernement a en projet de mettre en œuvre le programme immobilier d’habitat social et économique, qui prévoit la construction de 20 000 logements.

Encadré 2. . Etat du programme gouvernemental d’accès universel à l’eau en milieu rural

Le Gouvernement du Bénin accorde une place importante dans son programme d’actions à l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, en vue d’assurer l’accès universel à l’eau potable à l’horizon 2030. En 2017, le taux de desserte en milieu rural était de 42%. Le dispositif d’accès aux services d’eau potable prévoit : (i) le développement des infrastructures de desserte, et (ii) la gestion durable du patrimoine de l’hydraulique rurale sur tout le territoire national.

Sur le premier volet de développement des infrastructures, des travaux de remise en état de bon fonctionnement et d’extension des Systèmes d’Adduction d’Eau Villageoises (AEV) existants ont démarrés en 2022. Ces investissements permettront d’assurer la continuité de la desserte en eau potable aux 3,5 millions de personnes desservies, soit près de 27,8% de la population nationale. De plus, 239 systèmes d’alimentation en eau potable ont été ouvert ces dernières années, complétant ainsi l’existant pour impacter 3,6 millions de personnes additionnelles, soit 28,6% de la population d’ici fin 2026. Par ailleurs, la première station publique de traitement de boues de vidange du pays sera prochainement mise en service.

Sur le volet de la gestion durable, plusieurs initiatives ont vu le jour en 2022. La production, le transport et la distribution d’eau potable en milieu rural ont été pris en charge par des opérateurs spécialisés, avec la promotion de l’utilisation des compétences locales. Ces opérateurs auront à charge d’approvisionner de manière sécurisée et pérennisée les habitants des zones rurales du Bénin, soit une population estimée à près de 9 millions de personnes. De plus, un tarif national unique de solidarité en nette réduction comparativement à ceux pratiqués jusqu’à présent en milieu rural a été adopté. Par ailleurs, la construction d’un nouveau Laboratoire National de Référence pour le Contrôle de la Qualité des Produits de Santé et de l’Eau a été inauguré.

Source: Agence Nationale d’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (ANAEPMR).

Enfin, les infrastructures et services permettant une mobilité durable et efficace sont une priorité. Les politiques de mobilité doivent être intégrées à la planification et à l’aménagement des territoires, en tenant compte des dynamiques économiques et démographiques. En 2018, l’indice de performance logistique du Bénin est meilleur que celui de la région (Figure 27). Comme prévu dans le PAG, le Gouvernement doit poursuivre ses efforts afin d’atteindre la borne supérieure de l’indice. Les projets d’infrastructures de mobilité routière compris dans cette phase du PAG incluent la finalisation de 917 km de projets de route, la reconstruction de la Route Nationale Inter- Etats 2 (RNIE 2 de 207 km), et la construction de l’échangeur de Vèdoko à Cotonou.

Une attention particulière doit être accordée à la durabilité à long terme des transports et à la réduction de la pollution atmosphérique qu’ils engendrent. A l’image de la CEDEAO, la pollution de l’air est en forte augmentation au Bénin depuis 2015. Toutefois, il est à noter que la concentration de particules est inférieure à la moyenne de la CEDEAO depuis 2016 (Figure 28). L’aménagement d’espaces verts tels que le projet de verdissement du Grand Nokoué, prévu par le PAG, est un exemple de solution permettant de mitiger la pollution de l’air générée par l’activité urbaine, dont les transports.

Les transports en commun sont une solution aux besoins de mobilité urbaine, comblés par l’utilisation de véhicules privés (voitures et motocycles) qui empêchent une mobilité fluide et favorisent la pollution atmosphérique. Du fait que le développement des transports dépend des communes, le développement des transports en communs (bus et trains) n’a pas été prévu par le PAG, il faudrait donc regarder les plans de développement communaux. En revanche, les projets d’aménagement des voiries prévus par le PAG gagneraient à intégrer des voies pour les transports en communs, les piétons, et des pistes cyclables afin d’encourager la mobilité douce et améliorer le cadre de vie des habitants.

Figure 25 | Population utilisant au moins les services d’assainissement de base (%)

Figure 25 | Population utilisant au moins les services d’assainissement de base (%)

Source: Calcul des auteurs à partir des données du Joint Monitoring Programme (JMP). OMS et UNICEF (2021).

Figure 26 | Proportion de la population urbaine vivant dans des bidonvilles (%)

Figure 26 | Proportion de la population urbaine vivant dans des bidonvilles (%)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de ONU Habitat (2021)

Figure 27 | Indice de performance logistique : Qualité des infrastructures liées au commerce et au transport

Figure 27 | Indice de performance logistique : Qualité des infrastructures liées au commerce et au transport

Source: Calcul des auteurs à partir des données du Logistics Performance Index (LPI). Banque Mondiale (2018).

Figure 28 | Concentration annuelle moyenne de particules d'un diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) (μg/m^3)

Figure 28 | Concentration annuelle moyenne de particules d'un diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) (μg/m^3)

Source: Calcul des auteurs à partir des données de l’IHME (2020).

Transformation 6. Révolution numérique au service du Développement Durable

La sixième transformation des ODD exige un ensemble complet d’infrastructures physiques, de systèmes numériques et de réglementations, afin de tirer parti des avantages de la révolution numérique pour les ODD et limiter ses potentiels risques. Les technologies numériques permettent d’augmenter la productivité, réduire les coûts de production, améliorer l’accès aux marchés, et rendre les services publics plus facilement accessibles.

Dans le contexte du Bénin, le taux d’abonnement au haut-débit mobile a augmenté de 392% sur la période 2015-2019, et le taux d’utilisation d’internet a augmenté de 129% en cinq ans (Figure 29). Pourtant, le Bénin reste en deçà du taux d’utilisation d’internet dans la sous-région, avec 25,8% d’utilisation, comparativement à 32,3% en moyenne dans la CEDEAO, en 2020 (Figure 29). Aussi, le Bénin fait partie des pays de la CEDEAO aux plus faibles taux d’abonnements au haut débit mobile, avec 21,4 abonnements pour 100 habitants en 2019 (Figure 30). Ces constats témoignent à la fois des efforts et des besoins pour davantage tirer profit de la révolution numérique.

Le PAG fait de la transformation numérique un axe stratégique pour le développement du pays. Le Gouvernement a pour objectif d’accroitre les investissements dans les infrastructures et services numériques. Pour ce faire, le PAG prévoit le déploiement de l’internet haut et très haut débit sur l’ensemble du territoire national.

La transformation numérique s’applique également aux secteurs publics qui doivent se moderniser en digitalisant leurs services. Cette transformation s’applique entre-autres aux services d’état civil, aux services fiscaux, à l’éducation et à la santé. Ainsi, le PAG a pour objectif d’accélérer la modernisation de l’administration publique en poursuivant la dématérialisation des services publics et la mise en œuvre de l’administration intelligente (« SMART GOUV »). Les collectivités locales sont également prévues par le PAG, dans le processus de transformation numérique.

Par ailleurs, la question des données fait partie intégrante de la sixième transformation, en particulier dans le cadre de la mobilisation des technologies numériques afin d’atteindre les ODD. Les données sont des outils que le Gouvernement doit mobiliser afin d’accompagner la mise en œuvre de son programme d’actions. Au Bénin, des progrès sont observés, et des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la performance du système statistique national (Partie 3.2). En 2019, le pays fait partie des moins performants de la CEDEAO, en termes de système statistique national (Figure 31).

La révolution numérique demande à la population d’acquérir les compétences nécessaires à l’utilisation des outils numériques. De ce fait, le développement des compétences numériques doit commencer au plus tôt dans le système éducatif, afin que l’ensemble de la population dispose au moins des compétences de base. Dans ce cadre, on peut souligner le projet de « généralisation de l’usage numérique par l’éducation et la formation », financé par les obligations ODD.

Enfin, le PAG tient compte de la nécessité d’un encadrement de la transformation numérique. En effet, la révolution numérique comporte des menaces telles que le vol d’identités, l’invasion de la vie privée, la discrimination basée sur les données personnelles, les positions de monopole dues au contrôle des big data, les cyber-attaques, ou la manipulation des médias sociaux. Le projet de création d’un observatoire du numérique, prévu par le PAG, aidera à pallier ces dangers. Pour le moment, la sécurité informatique est assurée par l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI).

Figure 29 | Population utilisant l’internet (%)

Figure 29 | Population utilisant l’internet (%)

Source: Calcul des auteurs à partir des données du World Telecommunication/ICT Indicators database. ITU (2022).

Figure 30 | Abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants (2019)

Figure 30 | Abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants (2019)

Source: Calcul des auteurs à partir des données du World Telecommunication/ICT Indicators database. ITU (2022).

Figure 31 | Indice de performance statistique

Figure 31 | Indice de performance statistique

Source: Calcul des auteurs à partir des données du Statistical Performance Indicators. Banque Mondiale (2022)

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Le Rapport sur le développement durable (anciennement l'index et les tableaux de bord des ODD) est une évaluation globale des progrès des pays vers la réalisation des objectifs de développement durable. Il complète les indicateurs officiels des ODD et les examens nationaux volontaires.

Toutes les données présentées sur ce site Internet sont basées sur la publication Rapport sur le développement durable pour le Bénin 2022.

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